Après être passé Chez Jean-François REGNIER, Julien Rousselot (Des Jus et du Lien), aux Grandes Vignes et à La Ferme des Caudalies, j’ai enfin récupéré chez Tessa Laroche mes Savennières Roche aux Moines 2022 et quelques Berceau des Fées 2023 ! Mais je ne pouvais pas terminer mes visites sans passer au domaine de Nicolas Petite dans la commune de – le nom ne s’invente pas – Saint Germain des Prés !
Les vins bio de Nicolas sont présents à L’Arbre à Bouteilles depuis le début de son aventure, et ce pour deux raisons principales :
Il cultive essentiellement des chenins, cépage-roi de la région, sur des terroirs proches de Quart-de-chaume, au potentiel indéniable.
Il travaille dans un respect total de ses sols et pour ce qui est de la vinification, il n’intervient pas ou très peu, laissant le vin se faire tranquillement en cuves ou en barriques. Quelques essais sont en cours dans des petits contenants de terre cuites…
Autant dire que La Bouée rouge produit des vins que l’on pourrait qualifier au minimum de bio, mais qui entrent sans conteste dans la catégorie des vins naturels. Un peu de gaz à l’ouverture, mais pour les réfractaires un coup de carafe et le tour est joué : de vrais coups de coeur, pour ma part !
Les MARMOUSETS 2022 : une aromatique très atypique pour ce chenin très mûr, aux notes d’abricot : une belle gourmandise à l’apéro !
Les GARS DU MOT 2021 : un chenin puissant et tonique.
La PREE D’A HAUT 2021 : un peu plus de rondeur et de boisé. A carafer absolument.
Les GRES REVENT DE SCHISTE 2021 : un nez opulent, aux notes de fruits blancs mûrs, qui termine en bouche avec un très beau volume et, comme souvent dans les chenins, sans aucune lourdeur.
Enfin L’AUMAILLE TINTINE 2022 : un Cabernet Franc récolté tard, qui propose des notes très mûres et une bouche soyeuse. Un OVNI !
Julien Albertus, jeune vigneron alsacien dynamique et passionné, reprend dans les années 2010 les rennes du domaine Kumpf & Meyer, avec comme conviction une viticulture et une vinification permettant la réalisation de vins d’Alsace la plus naturelle possible des vins.
Une démarche réfléchie
Dès son arrivée, la volonté de produire des vins bio est une évidence. Mais il veut aller plus loin : produire des vins sans intrants, des vins naturels. Il adopte alors des pratiques culturales, dont celle qui caractérisent tant ses parcelles quand vous les visiter : maintenir un enherbement total dans les vignes, entre ET dans les rangs !
Là où certains craindraient de voir proliférer les maladies sur les ceps, Julien défend fermement ce mode de viticulture. En effet, cette organisation « naturelle » a selon lui bien des avantages : maintenir un biotope, à tous les niveaux : dans l’air, à la surface, mais aussi bien sûr dans le sol ! Nombre d’insectes cohabitent là, mais aussi une riche vie microbienne et bactérienne, tous indispensables et interdépendants les uns des autres.
Mais attention : cette symbiose n’a rien d’idyllique ! Certes il existe des échanges mutuels entre de nombreux organismes, qu’ils soient organiques ou minéraux… Mais on se bat également pour survivre, en se nourrissant parfois des autres… qui s’avèrent être à l’occasion des vecteurs de maladies : et c’est là que c’est intéressant ! L’Oïdium ou le mildiou ne peuvent évoluer à leur aise dans des zones « habitées »: ils sont alors soumis à une concurrence, qui leur est parfois défavorable, voire fatale.
Pour maintenir cette vie dans les vignes, vous aurez compris qu’il est indispensable de ne pas la détruire par des traitements de choc ! Des pulvérisations de produits naturels et de la bouillie bordelaise permettent d’aider les éviter la désertification du milieu, qui laisserait alors proliférer les maladies…
Tous les composants de ce milieu peuvent alors oeuvrer de manière dynamique, permettant par exemple à certaines bactéries la solubilité de matières minérales, processus fondamental dans l’assimilation de ces éléments par la vigne, qui lui permet ainsi d’exprimer vraiment le terroir dans lequel elle grandit.
Cette vigne, Julien a également choisi de l’accompagner par une action très réfléchie lors de la taille, notamment celle développée par Marceau Bourdarias, dite aussi taille douce. Des actes précis et limités dans les interventions : chaque pied est singulier et nécessite un minimum de réflexion avant de le tailler, l’ébourgeonner…
Ce phénoménal travail en amont permet au vigneron de rentrer des raisins de grandes qualité, sains, qui ne demandent pas d’intervention particulière en vinification : « Durant les quatre derniers millésimes, nous n’avons eu besoin de sulfiter uniquement deux cuvées ! », une vraie valorisation du travail dans les vignes, dont Julien peut être particulièrement fier.
Des vins d’un grande singularité
Tout cela se traduit bien entendu dans la finalité de la démarche : les vins.
Et de belle manière : quelle que soit la cuvée, aucun des flacons du domaine ne vous laisse indifférent !
C’est donc tout naturellement que je vous livre maintenant mes coups de coeur :
Y A PLUS QU’A : unesolera de Sylvaner et Pinot Auxerrois, associant pas moins que 5 millésimes (2018 à 2022). De la gourmandise à l’attaque, puis une belle tension apparaît, laissant apparaître tout le caractère vivant de cette cuvée.
RIESLING 2018 : tout n’est pas si rose dans le vin naturel… Ce vin ayant mis quelques années à se débarrasser d’une déviance liée aux vins sans soufre : la « souris ». Mais aujourd’hui, on y est : un riesling racé,qui « pétrole », avec une bouche aux fruits blancs bien mûrs et une super longueur.
UTOPISTE 2022 : pas toujours facile de réussir un vin blanc de macération…. Mais ce Gewurztraminer a une trame tannique (particularité de ces vins dits « oranges »)qui s’équilibre parfaitement avec son acidité, et tempère aussi le caractère particulièrement aromatique du cépage.
INFRAROUGE 2022 : un Pinot Noir cristallin, encore un peu sur la retenue, mais qui qui montre déjà un beau volume en bouche et dont la structure laisse présager une jolie évolution en bouteille…
CREMANT D’ALSACE 2015 : alors là, on n’est plutôt dans la champagne ! Un élevage sur lattes de 85 mois pour ce magnifique 2015, issu d’un assemblage d’Auxerrois et de Chardonnay, 78 mois pour le magnum de 2016. De vraies pépites !
A découvrir chez votre caviste à Nantes Toutes Joies, au carrefour des quartiers Monselet Bastille Guist’Hau Procé.